Le président du Parti pour le Renouveau et la Rédemption (PRR), Nicolas Lawson, a été agressé au sortir d’une émission sur la radio Kanal FM , le13 mars dernier. Son seul tort est d’ avoir porté des critiques contre le leader de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) Jean-Pierre Fabre; ce que n’ont pas accepté les militants du parti orange.
Cette situation apparemment anodine serait lourde de conséquences pour le Chef de file de l’opposition, selon plusieurs observateurs de la vie politique togolaise.
Au cours de l’émission, le Président du PRR a demandé que M. Fabre présente des excuses publiques au peuple togolais, pour avoir longtemps refusé le dialogue avec le pouvoir. Ce radicalisme du leader de l’ANC, a fait remarquer Nicolas Lawson, a entraîné des manifestations violentes occasionnant des pertes en vies humaines dont on pourrait faire économie. M. Lawson a également déclaré que Jean Pierre Fabre n’était pas mandaté pour parler au nom de l’opposition.
Ces propos ont suscité le courroux de jeunes militants se réclamant de l’ANC qui ont vivement pris à parti le Président du PRR à sa sortie de l’émission. M. Lawson n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention des forces de l’ordre.
Cet acte d’une autre époque a suscité des condamnations tous azimuts; la plus virulente est sans doute celle de la Convention Patriotique Panafricaine (CPP) qui a sorti hier mardi, un communiqué signé de son Président Francis Ekon.
Le parti dit avoir appris avec consternation l’agression du leader du PRR et déclare que le système de parti unique n’a pas été combattu pour être remplacé par celui de la pensée unique. » C’est avec une grande consternation que le parti a appris l’agression de Nicolas Lawson le jeudi 13 mars à sa sortie d’une émission de radio Kanal Fm » écrit la CPP qui précise : « Nous n’avons pas combattu le parti unique pour qu’il soit remplacé par la pensée unique. Nous dénonçons cette pratique avec la plus grande fermeté et regrettons de tels comportements dignes d’une autre époque « .
L’opinion nationale a également regretté cet extrémisme qui semble refaire surface dans l’arène politique à quelques mois de l’élection présidentielle et surtout dans le contexte actuel d’ouverture et de concertation entre l’opposition parlementaire et le Premier ministre sur instruction du Chef de l’Etat. Les diplomates européens ont salué unanimement cet esprit d’ouverture et ont invité la classe politique à aller de l’avant. Aussi ces dérapages des militants de l’ANC, que curieusement le parti n’a pas condamnés, du moins pas encore, risquent-ils de faire passer définitivement leur leader pour une personnalité qui ne tolère pas les critiques et la contradiction. Et cela, Jean-Pierre Fabre, qui tente ces derniers temps de soigner son image , au point de renoncer à son radicalisme légendaire, allant même, à la surprise générale, jusqu’à solliciter une audience du Chef de l’Etat qu’il s’est juré de ne jamais reconnaître comme Président, pourrait en souffrir . Pour l’instant le Président de l’ANC fait le dos rond en espérant que la tempête passe. Mais l’indignation provoquée par cet acte posé par les tenants du courant extrémiste de l’ANC, qui d’ailleurs ne sont pas à leur premier forfait, risque de perdurer dans le temps surtout dans le contexte actuel marqué par un conflit de leadership au sein de l’opposition où le débat sur la candidature unique fait rage. Dans cette guéguerre où tous les coups semblent permis, il est évident que ceux qui dénient à Jean -Pierre Fabre sa légitimité en tant que leader de l’opposition et ceux qui répugnent à voir en lui le futur candidat unique de l’opposition se feront de cet incident regrettable un chou gras quitte à faire passer le leader de l’ANC pour un pourfendeur de la liberté d’expression. En politique, le moindre faux pas peut être fatal; pour le Président de l’ANC condamner l’agression en des termes clairs, durs et sans équivoque apparaît comme l’unique recours pour sauver les meubles. Franchira-t-il le rubicond? Wait and see!