Jeune plasticien d’une trentaine d’années, Kokou Kpatakou est sans doute une étoile montante de l’art contemporain togolais. Sourire furtif, regards clairs, et d’une perspicacité étonnante , l’artiste crée, bouscule et émerveille à la fois par son esprit de créativité, sa dextérité et surtout par sa technique.
Sérigraphe de formation , Kokou a très tôt viré vers l’art plastique abstrait , auquel il vouait une grande passion. » Je visitais des expositions et côtoyais beaucoup d’artistes; je crois que c’est ce qui a fait naître en moi cette passion et m’a fait découvrir plus tard des talents que je développe aujourd’hui », raconte -t-il.
Ce choix n’était pax du tout du goût des parents qui nourrissaient de grandes ambitions pour leur fils. « Que peut- apporter un artiste plasticien à sa famille? », lui demandaient -ils .
Cependant, malgré cette réticence, le jeune artiste a tenu bon. » Entre mes parents et moi, le climat était tendu mais cela ne m’avait empêché de continuer. Petit à petit , ils se sont résolus à accepter mon choix. C’est peut -être son destin, a fini par dire mon père », témoigne Kokou.
L’opposition des parents vaincue, Kokou pouvait alors se livrer à sa passion, donner libre court à sa pulsion créative. Et c’est ce qu’il fait depuis une bonne quinzaine d’années!
De la peinture sur toile à base d’acrylique, le jeune plasticien est passé depuis environ trois ans à une technique qui fait de plus en plus parler de lui . » La technique consiste en un papier support obtenu à base d’herbes ,de feuilles ou d’écorces d’arbre . J’ai commencé à expérimenter cette technique après une formation au Burkina -Faso en 2013. J’ai travaillé durant trois semaines. J’ai ensuite exposé mes œuvres à l’Institut Français de Ouagadougou . De retour au Togo , j’ai continué à développer cette technique qui me singularise aujourd’hui« , explique -t-il
Cette technique, dont on dit qu’elle est unique sur le continent africain, permet à Kokou d’être plus créatif. » Ce papier n’est pas un support neutre mais une source féconde de voies à suivre. Il m’inspire et me permet de libérer mon énergie créative . Ainsi, sur ce support, je fais des collages, je donne des couleurs , des colorations à des fibres …Je continue jusqu’à obtenir ce que je veux », souligne-t-il.
Evidemment le public admire la technique mais l’artiste qui y place beaucoup d’espoir pour la suite de sa carrière, refuse de dormir sur ses lauriers. Se disant insatisfait , il place la barre haut, très haut! » Le public admire ma technique mais je suis loin d’être satisfait. Je suis toujours en expérimentation, je fais des recherches ; je veux atteindre un niveau qui perfectionne mon style, donne un nouvel élan à ma création. J’y consacre toute mon énergie et tout mon temps. Bref, je place beaucoup d’espoir dans cette technique pour la suite de ma carrière », déclare -t-il.
En plus d’un dixième de siècle de carrière, Kokou Kpatakou a participé à plusieurs grandes rencontres artistiques dont certaines restent à jamais gravées dans sa mémoire. » J’ai participé à Ewolé 3 avec Assou Kossi en 2002 ; c’est un grand événement international. Cette rencontre m’a permis d’échanger avec beaucoup d’artistes internationaux et d’avoir un riche carnet d’adresses.
L’autre événement marquant de ma carrière est cette exposition que j’ai faite dans un grand hôtel dans Paris Xè ( France) en février 2006;
Je n’oublie pas non plus mes expositions à l’Alliance française d’Accra en 2007, à l’Institut français de Ouaga en 2013 et au Canada en 2015″, raconte-t-il.
Séduite par la touche de l’artiste, l’Ecole américaine de Lomé vient de lui passer une commande .
Actuellement, Kokou Kpatakou prépare activement une exposition prévue pour le 06 mai au Minth Hôtel à Adidogomé et une autre à Ouagadougou au Burkina -Faso.