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Augmentation du prix des carburants : les avis des experts ne sont pas si divergents

Même si l’information a été donnée  la veille, la plupart des Togolais se sont réveillés le 16 janvier 2014 sur un constat de hausse généralisée des prix à la pompe. Ainsi  l’Essence super sans plomb est passé de  595 F CFA  à 655 F CFA le litre, le  Gaz- oil de 630 F CFA à  679 F CFA,   le mélange 2 temps de 655 F CFA  à 745 F CFA. Le  Gaz butane 12,5 kg est désormais  vendu à 6500 F CFA et celui de 6 kg à 3120 F CFA.

Certains comprennent la situation et ne s’en plaignent pas trop; d’autres en revanche, ne veulent pas entendre parler de cette augmentation, que rien ne justifie selon eux. Pour des organisations de la société civile, cette augmentation va impacter négativement sur le pouvoir d’achat des populations.  Selon elles, le gouvernement doit revenir sur sa décision afin de continuer à préserver la paix sociale.

Cependant les partenaires du Togo comme le FMI et la Banque Mondiale ont toujours estimé que « les subventions des produits pétroliers ne profitent pas forcement aux plus démunis ». C’est à juste titre que le gouvernement a décidé la hausse des prix, préoccupé par le sort des populations défavorisées qui sont les perdantes de ces subventions.

Ce qu’ont  tenté d’ ailleurs d’expliquer le ministre en charge de l’action sociale, Dédé Ahoefa Ekoué, et celui en charge de développement, Djossou Semondji,  qui furent accusés de jouer aux pompistes.

«  Le gouvernement a débloqué plus de 40 milliards de F CFA en subvention sur les produits pétroliers en 2013. C’est une perte considérable en recettes qui aurait pu servir à soutenir les plus défavorisés  »,  avait  déclaré M. Sémondji dans une interview, avant d’ajouter que «  les subventions n’ont pas profité aux populations qui en ont le plus besoin. La majorité de la population n’utilise que le pétrole lampant en milieu rural, pas l’essence ou le gasoil. C’est d’ ailleurs la raison pour laquelle son prix n’a pas augmenté cette fois-ci». Selon notre confrère en ligne  republicoftogo.com,  « les pays de la Zone franc réfléchissent à plusieurs options, dont une différentiation éventuelle de la fiscalité par type de produits, en taxant moins fortement les produits utilisés par les populations les plus vulnérables (pétrole lampant) et l’abandon des subventions générales, compensé par l’amélioration de la qualité des dépenses publiques, en augmentant les subventions ciblées et/ou les dépenses de lutte contre la pauvreté en faveur des populations les plus vulnérables. »

Dans ce contexte , les 40 milliards de FCFA pour subventionner le carburant ressemblent  plus  à  de l’argent  jeté par la fenêtre dans un pays où les priorités sont ailleurs. Toutefois  pour limiter l’impact sur les prix des produits de première nécessité et des transports, la ministre Dédé Ahoefa Ekoué a précisé que « le gouvernement va prendre des mesures d’accompagnement ». Raison pour laquelle les responsables des organisations syndicales des travailleurs et des membres du gouvernement se retrouveront ce mardi 11 janvier 2014, autour d’une même table, afin d’analyser ensemble, les mesures d’accompagnements.

Certains experts avaient également donné leurs avis sur la question. Dans l’émission » Point sur i » sur la télévision LCF, il y a deux semaines, le Professeur Mawuli Couchoro, Économiste Enseignant Chercheur à l’Université de Lomé (UL), a estimé que le gouvernement n’avait pas pris une bonne décision. « Pour parler même de la transparence en matière de vérité des prix, le prix ne devrait pas excéder les 625 F. Cette différence, il faudra que l’État nous la justifie  », a martelé le Professeur COUCHORO qui déplore que certaines taxes sont payées « inutilement » par le contribuable.   « Pourquoi les péages ne sont –ils pas budgétisés ? Leur contribution au budget national est égale à zéro et donc nous payons pour un service public que nous n’avons pas  »,  a-t-il noté.

Selon le Professeur Michel Nadim Kalife, Expert en Politique Économique Africaine, tout dépend de la gouvernance. À cet effet, il explique : « Le prix d’essence a augmenté d’environ 60 F. Or tous les 3 F font 1 milliard de recettes. Les 60 F d’augmentation de l’essence doivent procurer 20 milliards de recettes budgétaires. On peut allouer ces 20 milliards à quelque chose de social …en ce moment-là, ceux qui utilisent l’essence, la partie plus ou moins bourgeoise des Togolais, contribueraient à financer le social de la partie pauvre, extrêmement pauvre des Togolais. ».

Au-delà de ce qui peut ressembler à une polémique sur l’augmentation du prix à la pompe, c’est la question de  la bonne gouvernance  qui préoccupe en réalité. Le défi du gouvernement reste de prouver aux Togolais que du fait de la réduction de la subvention, les ressources dégagées serviront  à  financer des actions en faveur des plus pauvres. Ces dernières années, les actions  convergent dans ce sens.

Joseph

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