La classe politique togolaise, la société civile et les partenaires techniques et financiers ont tenu hier vendredi une rencontre à Lomé. Il s’agissait de discuter du décaissement de l’appui budgétaire 2013 de l’Union Européenne (UE) pour le Togo.
A cette occasion, l’intervention de M. Nicolàs Berlanga Martinez, Chef de Délégation de l’UE, s’ est articulée autour de 4 points principaux: la politique macroéconomique, le budget 2014, le processus budgétaire 2015 , le programme avec le Fonds Monétaire International (FMI).
Parlant de la politique macroéconomique, le diplomate européen a indiqué que la gestion saine des finances publiques dans un cadre stable et non soumis aux aléas électoraux, une gestion réaliste qui correspond aux augmentations de revenus et de dépenses cohérentes…ne sont pas des choix partisans mais des choix d’Etat, des choix de responsabilité pour tous: gouvernement, opposition, syndicats, société civile .« Ceux qui aujourd’hui sont au gouvernement, pourraient être dans l’opposition demain, ou l’inverse comme au Ghana. Nous devons tous encourager des règles de jeu stables au niveau macroéconomique et de la gestion des finances publiques qui ne changent pas avec les personnes ou les élections « , a déclaré M. Matinez.
Pour le Chef de Délégation, le budget 2014 est très ambitieux. Regrettant « l’empressement avec lequel le projet de budget a été envoyé au législatif et la rapidité des discussions à l’Assemblée nationale », l’UE s’interroge sur les hypothèses et choix faits pour certaines augmentations, des revenus comme des dépenses, dans le contenu du budget. « Au titre de l’UE, nous aurions souhaité voir refléter dans le budget d’une manière plus claire certaines priorités de la politique de développement : comme l’éducation , la santé ou la justice ( toujours bien moins de 1% de budget ) par exemple « , a souligné le diplomate.
Dans une démarche de critique constructive, l’Ambassadeur de l’UE se demande si le budget 2014 , dont la préparation a rétréci le calendrier et le processus prévu, est effectivement le document de politique publique qui devrait illustrer les orientations du gouvernement pour l’année. « Quelle est sa cohérence avec le document de politique de développement , la SCAPE, adoptée en août 2013 mais en préparation depuis 2012 et dans quelle mesure est-il soutenable avec les prévisions à moyen terme? », s’interroge M. Berlanga . Aussi le diplomate souhaite-t-il que le processus budgétaire 2015 respecte les modalités et le calendrier prévu. » Que ce soit un budget réaliste et cohérent avec les choix de développement », précise-t-il.
Parlant du programme avec le FMI, M. Martinez a indiqué que ce programme « est une condition pour les investissements étrangers , ainsi que pour les programmes d’appui budgétaire ». Dans ce cadre , tous les partenaires œuvrent pour, entre autres, donner un cadre stable aux investisseurs étrangers qui souhaiteraient venir s’installer au Togo. Aussi la diminution des subventions pétrolières a été, selon M. Martinez une question récurrente dans le dialogue entre les partenaires et le gouvernement togolais, pour l’amélioration de la qualité de la dépense budgétaire. « Nous l’avons demandée à plusieurs reprises aux autorités et nous devons assumer une partie de la responsabilité… Les subventions bénéficient majoritairement aux plus riches , les 20% les plus riches… Nous pensons que la décision prise est mesurée à condition que les citoyens togolais puissent compter sur l’utilisation de ces recettes « libérées » pour plus d’intervention en faveur des couches les plus défavorisées« , reconnait l’ambassadeur de l’UE. Cependant » il est fondamentalement important de connaître les mesures d’accompagnement envisagées par le gouvernement. La réaction publique aurait peut-être été moins forte si ces mesures avaient été communiquées en même temps que la hausse des prix pétroliers « , a laissé entendre le diplomate qui s’est félicité de l’étude lancée par le gouvernement pour donner plus de transparence à la structure du prix des produits pétroliers.
Le Togo, conclut le diplomate, peut compter sur l’accompagnement de l’UE en matière de la politique macro économique, pour laquelle l’institution européenne souhaite davantage de consensus , de dialogue et de débat entre le gouvernement et l’Assemblée nationale, entre le gouvernement et les organisations syndicales et de la société civile; mais également pour la composition du budget qui doit viser la redistribution équitable des richesses nationales par l’Etat comme le stipule l’article 38 de la constitution togolaise.
Pour le ministre de la planification, du développement et de l’Aménagement du territoire, M. Djossou Sémondji, le décaissement de l’appui budgétaire, est un signe de confiance entre le Togo et l’UE. Le gouvernement, a-t-il indiqué, est engagé à poursuivre les réformes et à traduire les difficultés des populations dans l’outil privilégié qu’est le budget. Abordant la question de l’augmentation des prix des produits pétroliers, M. Sémondji a indiqué qu’elle est réfléchie, analysée. Des mesures d’accompagnement seront prises, a cet effet, a rassuré le ministre.
Au cours du débat, les questions ont porté notamment sur le suivi de l’appui budgétaire, le suivi de l’exécution des marchés publics , les critères d’éligibilité à l’aide budgétaire …
Répondant à ces préoccupations, le ministre Sémondji et l’Ambassadeur de l’UE ont tenu à rassurer: les marchés publics sont suivis , l’aide publique aussi . « C’est une manière pour nous de nous améliorer dans la gestion des finances publiques « , a déclaré le ministre.
Par rapport aux critères d’éligibilité à l’appui budgétaire, M. Martinez a indiqué que ces critères sont analysés chaque année; les conditions que présente le Togo sont suffisantes pour accéder à l’aide budgétaire, a indiqué le diplomate.
Franck