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Élections locales : l’organisation d’ ici juin 2014 probable?

  L’organisation des élections locales est l’un des sujets qui agitent la classe politique togolaise depuis plusieurs années. Ces élections, la coalition « Arc-en-ciel », composée de 6 partis d’opposition, souhaite  leur tenue au plus tard fin juin 2014. C’est ce que  propose également  la coalition « Sauvons le Togo ». Bref, les principaux partis d’opposition sont unanimes sur ce délai  qui  pourtant,  semble peu probable.  

 

Les élections locales sont au cœur du débat  politique depuis quelque temps. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles auront lieu. « Naturellement, dans l’agenda politique national, les élections locales et la décentralisation font partie des défis majeurs que nous devons relever »,  avait déclaré, le 31 décembre 2013, le Président de la République, Faure Essozimna  GNASSINGBE lors de ses vœux à la nation.

 

Au Togo, les dernières élections locales remontent à 1987. Trois décennies après, le premier défi  auquel doit faire face le gouvernement, est de bien réussir l’organisation de ce scrutin. C’est la raison pour laquelle «  nous devons avancer de manière prudente mais résolue » avait estimé le Chef de l’État. « Pour sa part, le gouvernement a déjà pris les devants en engageant des concertations avec les partis politiques. » a-t-il poursuivi avant de préciser que « les organisations de la société civile et les autres acteurs concernés ont également été consultés, en vue de parvenir à une feuille de route de la décentralisation au Togo ».

 

L’opposition se trouve également engagée dans cette  logique d’organisation des locales et fixe  le délai de fin juin 2014 pour  leur tenue… « Normalement, ces élections devraient se faire d’ici fin mars. Mais soyons réalistes, on ne le peut pas. Mais il faut que d’ici fin juin, ces élections se tiennent », a déclaré Patrick Lawson,  1er vice-président de l’Alliance Nationale  pour le Changement (ANC) au cours d’une émission sur une chaîne de télévision privée, il y a un mois.

L’ANC est convaincue qu’il faut vraiment vite tenir ces élections surtout que « la communauté internationale a de l’argent pour la coopération décentralisée, elle veut ces élections-là » selon M. Lawson. Et surtout « Qu’on ne nous parle pas de manque d’infrastructures! » , a-t-il déclaré. « Où logent aujourd’hui les délégations spéciales ? Je crois qu’en organisant ces élections locales, les Maires élus, de même que les Conseillers préfectoraux vont s’investir eux-mêmes pour améliorer leur cadre de travail » a poursuivi  M. Lawson.

Le son de cloche  est le même à la coalition Arc-en-ciel qui estime que  le gouvernement doit prendre « les dispositions qui s’imposent en vue d’organiser les élections locales au plus tard fin Juin 2014 ».

 

« Des élections locales nous ouvriront de nouvelles perspectives. »

 

Cette volonté  d’organiser le scrutin local partagée par toute la classe politique  est d’autant plus légitime et fondée qu’il faut « tout mettre en œuvre pour asseoir la démocratie de proximité sur une base pérenne »,avait estimé Faure GNASSINGBE conscient que « les élections locales et la décentralisation nous ouvriront de nouvelles perspectives ».

En effet, la décentralisation est un mode de gestion politique et administratif. Elle est un processus de  transfert de compétences des collectivités centralisées vers celles décentralisées. Ces compétences sont transférées pour qu’une partie de l’action politique se déroule au niveau des collectivités territoriales.

Les populations sont, elles-mêmes impliquées dans la gestion de leurs affaires. Techniquement, au niveau de chaque localité, les différentes couches sociales élaborent ensemble  et mettent  en œuvre un plan de développement local.  Les besoins sont ainsi bien recensés au niveau local, puis hiérarchisés. Les priorités ainsi définies par les communautés elles-mêmes,  sont financées  selon les ressources disponibles.

 

 Une impatience de l’opposition qui se justifie…

 

De 2001 à nos jours, ce sont des délégués spéciaux nommés par le pouvoir qui président les collectivités locales. Certains partenaires sont prêts à accompagner le développement local des collectivités à condition de trouver en face des élus. Cette situation n’est pas sans conséquence, reconnaît le ministre en charge des collectivités locales, Gilbert BAWARA, au cours d’un discours lors de la 9ème journée nationale des communes en 2013. « C’est depuis 1996 qu’il n’y a pas eu d’élections locales au Togo », a-t-il déclaré avant de concéder qu’« On peut dès lors comprendre la démobilisation des populations concernant la gestion de la cité et la démocratie locale ».

 

Pourtant depuis  2010, des promesses de la tenue des élections locales ont été faites.

D’ abord, le 18 février 2010, lors d’un discours de campagne,  le Président de la République avait déclaré: « Je suis déterminé à organiser avant la fin de l’année, les élections locales pour que chaque citoyenne et chaque citoyen puisse participer à la démocratie et au développement ».

Ensuite, lors de son discours programme du 04 juin 2010 à l’Assemblée Nationale, le premier ministre d’alors, Gilbert HOUNGBO déclarait que « le gouvernement s’engage à organiser les élections locales au plus tard en 2011».

Puis, le 08 juillet 2010, lors de la 9ème session du dialogue UE- TOGO, Elliot OHIN, alors ministre d’État, ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération a annoncé la tenue de ces élections locales au plus tard  début 2011.

Et lors de la journée nationale des communes du Togo célébrée en septembre 2010, le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales annonçait ces élections avant la fin de l’année 2011.

En plus, la note d’information diffusée par la Délégation Européenne à l’issue de la 14e session du dialogue politique périodique entre le gouvernement et l’Union européenne (UE) tenue le mardi 26 novembre à Lomé a apporté des précisions sur la démarche du partenaire européen. Selon un extrait de cette note : «  Les deux parties ont souligné l’importance  de poursuivre dans toutes ses dimensions le processus de décentralisation en cours. Le dévouement de ces dernières années en faveur de la démocratie et de l’Etat de droit ne peut pas rester inachevé au niveau local où précisément la base de la participation citoyenne se construit et les besoins des populations trouvent leurs réponses. La partie européenne a suggéré qu’un calendrier précis avec des dates pour les élections locales – et son niveau d’extension – soit défini en concertation avec les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale. Cela permettrait d’approfondir l’utilisation des mécanismes démocratiques de dialogue pour la matérialisation des réformes institutionnelles et constitutionnelles décidées tout au long de successifs forums du dialogue politique tenus ces 10 dernières années. »

 

Malgré la volonté du gouvernement et des partenaires, les élections locales, qui devraient être couplées avec les législatives en 2013, n’ont pu avoir lieu. Le Togo n’étant pas tout simplement prêt.

 

Beaucoup de bruits  de la part de l’opposition

 

A l’approche des élections présidentielles de 2010, les leaders des partis politiques d’opposition, réclamaient, tambours battants, les élections locales dans de brefs délais.  Certes, la Commission Nationale Électorale Nationale (CENI) peut rapidement remettre en marche la machine électorale…et faire sortir des résultats des urnes en Juin prochain. Et après !  Le cafouillage risque d’être le scenario d’ après élection; c’est ce que le gouvernement veut sans doute éviter. La mise en marche de la décentralisation nécessite des instruments, des outils et des matériels. En voulant transférer les compétences, on peut se demander si les zones ont tous les éléments réunis pour exercer les prérogatives. Malheureusement, à un an des élections présidentielles, les responsables des partis politiques qui réclament cette décentralisation dans l’urgence ne semblent avoir eux-mêmes,  ni le temps,  ni les moyens de préparer leurs militants  à la base  aux  enjeux de la décentralisation.

Les élections locales ne doivent pas constituer un simple principe sans contenu.  Pour désengorger l’Etat central, il faut le faire bien.  Pour le ministre en charge de l’administration territoriale, Gilbert BAWARA, ‘L’enjeu n’est pas juste d’organiser des élections, mais de mettre en œuvre la décentralisation marquant une grande réforme de l’État ». Le quotidien  Forum de la semaine a titré dans sa parution du 17 janvier 2014  « A force de réduire la décentralisation aux seules élections locales, l’opposition pourrait rater aussi le train de la démocratie locale« .

Aussi,  tout porte à croire que si les élections se tiennent dans les prochains 4

mois, ceux qui les réclament seront les premiers à vouloir, soit les boycotter pour une raison ou une autre, soit  contester les résultats.

 

Le gouvernement favorable à un processus inclusif

 

Le gouvernement  avait organisé une concertation avec les partis politiques, les regroupements de partis et organisation de la société civile afin de partager avec eux, les perspectives concernant l’organisation des élections locales et la mise en œuvre de la décentralisation. Pour le gouvernement, il s’agit d’adopter une démarche participative qui consiste à  être à l’écoute, recevoir les idées, les préoccupations et les propositions de toutes les parties afin de parvenir à un processus qui satisfasse tous les acteurs.

On peut, peut-être reproché au gouvernement sa lenteur dans les préparatifs mais parfois, il ne sert à rien de courir. Il faut partir à point parce que la moindre défaillance fera s’écrouler l’édifice qu’est le processus de décentralisation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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