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Le volet «efficacité énergétique » du PURISE: Une solution à la crise énergétique au Togo

 

 

Depuis quelques années, la sous-région ouest africaine est secouée par une crise énergétique et le Togo à l’image de bon nombre de pays, est en train de traverser une situation difficile en matière de fourniture de l’énergie électrique. L’un des grands défis que doit relever le Gouvernement à travers la Compagnie Energie Electrique du Togo (CEET) est de pouvoir mettre à la disposition de la population, de l’énergie suffisante pour l’exercice des différentes activités économiques. Déjà dans ce sens, des initiatives à l’image du Projet d’Urgence de Réhabilitation des Infrastructures et Services Electriques (PURISE) notamment en son volet « efficacité énergétique » permettent d’économiser de l’énergie en vue de satisfaire une demande sans cesse croissante.

 

Entre le 24 Novembre 2012 et le 24 Mai 2013, ADJAH Komlan, un client de la CEET résidant au quartier AGUIAR-KOME à Lomé, a eu le bonheur de constater une baisse mensuelle moyenne de 26,80 % de sa consommation d’énergie sur sa facture d’électricité. Ceci pour une bonne cause : il faisait partie des 38 clients retenus pour la phase pilote de la mise   en œuvre du volet « efficacité énergétique » du PURISE qui a consisté en la distribution et à l’utilisation des Lampes Fluorescentes Compactes (LFC) à basse consommation d’énergie. C’est le même constat qui a été fait avec une diminution de 24,29 % au niveau d’un autre client du nom de Kpatcha TANEI dans le quartier d’Agoè Assiyéyé dans la banlieue de Lomé.

Ces cas ne constituent que la partie visible de l’iceberg de tous les impacts positifs constatés en termes d’économie d’énergie dès le démarrage de la mise en œuvre de ce projet au Togo. Entièrement  financé à hauteur de 909 000 000 F CFA par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), ce volet du PURISE a permis par la suite d’introduire jusqu’en 2015, quelques 400.000 LFC sur le marché togolais et au niveau des ménages afin de répondre à plusieurs soucis : la réduction de la demande de pointe et la consommation d’énergie des ménages, doter le Togo de normes pour les LFC afin d’offrir aux consommateurs des produits de bonne qualité et économes en énergie et enfin promouvoir l’efficacité énergétique auprès du public. Les ménages qui ont expérimenté ces lampes continuent de témoigner de l’avantage lié à l’utilisation des LFC qui par ricochet, permet à la CEET de disposer davantage d’énergie pour la satisfaction des besoins de la population. « Ces lampes que nous  continuons d’ailleurs d’utiliser, sont très économiques et ont une durée de vie très longue », nous a confié Jacob, fils de  Komlan ADJAH.

Les enjeux de l’efficacité énergétique

A ce jour, la façon la plus simple et la plus propre pour réduire les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère est l’efficacité énergétique. L’amélioration de cette dernière permet de réaliser des économies d’énergie et de réduire les impacts négatifs des consommateurs sur l’environnement. Pour un pays comme le Togo qui importe environ 80 % de son énergie pour les besoins de la population et du développement, une réelle politique en matière d’efficacité énergétique devra permettre à la CEET, de disposer davantage d’énergie en vue de satisfaire au mieux, les besoins légitimes de la clientèle. Le Togo dispose de plans d’action pour maîtriser la consommation de l’énergie et son économie dans l’éclairage dans différents secteurs, avec une prise en compte de l’aspect efficacité énergétique dans la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE). Cependant, le secteur connait certains obstacles non négligeables parmi lesquels, le manque de lois claires sur l’efficacité Énergétique, le manque de réglementation sur les équipements ou encore les choix des équipements électriques qui ne suivent aucune contrainte en termes d’efficacité énergétique.

L’introduction du volet « efficacité énergétique » pour réduire l’utilisation des lampes incandescentes énergivores s’inscrit parfaitement dans la vision du Gouvernement togolais de renforcer l’indépendance énergétique ; Elle cadre également  avec les préoccupations internationales en matière de lutte contre les changements climatiques par la réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) dans les secteurs les plus énergivores.  « Ce projet est précurseur en son genre dans la mesure où il a été la toute première initiative de grande envergure axée sur l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les bâtiments au Togo après le programme régional d’efficacité énergétique (PREE) de l’UEMOA en 2013 qui a permis de faire des audits énergétiques dans un certain nombre d’établissements industriels », nous fait savoir AGBEZO Dodji, consultant national en efficacité énergétique et énergies renouvelables dans son rapport d’évaluation de ce volet du PURISE en décembre dernier. Pour lui, l’efficacité au niveau de réalisation des activités de ce volet est jugée satisfaisante. « Cette évaluation s’explique par l’atteinte de certains résultats clés du volet, notamment l’acquisition de 400 000 LFC et 100 000 LFC en cours de commande, la distribution de 370 132 LFC dont 1474 données aux ménages échantillonnés à la phase pilote, 20 172 données à l’administration publique et 348 486 commercialisées avec un coût subventionné de 200 FCFA l’unité au cours de la phase de déploiement en vue de remplacer les lampes incandescentes énergivores et/ou les lampes fluorescentes de mauvaise qualité à Lomé et ses environs », souligne-t-il dans le rapport. Il ajoute qu’au moment de l’évaluation finale, le volet efficacité énergétique du PURISE aura largement réalisé son objectif de réduction des émissions de GES avec 21 487 tonnes de CO2 évités par an équivalent à une économie d’énergie d’environ 23 652 MWh par an, si l’ensemble des lampes sont belle et bien installées sur le territoire togolais, avec une promulgation effective d’une loi interdisant les lampes non efficaces.

Pour sa part, le Chef département Planification de la CEET, Koffi TOVIAWOU nous fait comprendre que  la politique d’efficacité énergétique  est un passage obligé, vue que sur le plan mondial, le problème d’énergie se pose au moment même où l’on parle du développement durable, et que l’utilisation de l’énergie fossile est limitée dans le temps. « Il nous faut trouver des moyens pour faire des économies d’énergie et adopter aussi des comportements qui vont dans ce sens », a-t-il précisé. Pour cet ingénieur Génie Electrique, l’introduction des LFC dans le cadre du PURISE a permis à la CEET de faire une économie d’énergie de 10 MGW sur la puissance de pointe. Cependant, dit-il, « cela  ne veut pas dire que tous les problèmes liés au déficit sont résolus car la demande est croissante ». Il estime en passant que si tout le monde utilisait les LFC sur toute l’étendu du territoire national, l’impact sera encore plus visible avec le vœu que « l’Etat prenne des textes de lois qui imposent l’utilisation d’une part des lampes à basse consommation qui respectent les normes requises et d’autre part, élargir cela vers les autres appareils électroménagers afin d’éviter d’importer des appareils trop  énergivores sur le territoire national ».

Bientôt un laboratoire de test de lampes

Dans son engagement au service de la promotion de l’efficacité énergétique au Togo,  le Gouvernement a utilisé une partie du don du FEM pour le financement de l’installation d’un laboratoire de test de lampes électriques. Basé provisoirement dans la zone portuaire, ce laboratoire qui sera opérationnel d’ici fin Juin 2016 selon le responsable suivi évaluation du PURISE, Adodo JOHNSON, permettra de vérifier la qualité des lampes qui entrent sur le territoire national sur une base des normes prédéfinit. Le test de toutes les lampes permettra de mettre sur le marché,  des produits très économes en énergie. Il est visé par ricochet à travers le fonctionnement de ce laboratoire, une augmentation des ressources financières de l’État  avec les recettes annuelles qui seront versées au Trésor Public, une  réduction de la facture  électrique des consommateurs, la réduction des gaz à effet de serre et la possibilité à l’État d’étendre le réseau électrique vers les localités isolées.

L’ambition du Togo est de porter le taux d’accès à l’électricité de 26,5  %  actuellement à 40 % en 2018. Pour y arriver, la piste de l’économie d’énergie  est à exploiter au maximum car elle se présente ainsi comme une solution à la crise énergétique. Au demeurant, il urge que le marché de consommation  soit alimenté des lampes et autres équipements de basse consommation d’énergie en vue pérenniser les efforts déjà consentis. Il serait souhaitable que du côté du Gouvernement, un cadre légal soit également mis en place dans ce sens pour, contraindre dans une certaine mesure, les opérateurs économiques au test des lampes importées dans le laboratoire qui sera bientôt opérationnel. D’un autre côté, la population est également appelée à jouer sa partition dans ce processus par le truchement de bonnes manières en termes d’économie d’énergie aussi bien dans les services que dans les ménages. Ce qui contribuera à assurer une amélioration constante de l’efficacité énergétique au Togo.

David SOKLOU

(Photo: Echantillon des LFC )

 

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