Agriculture, industrie, éducation, santé, eau, gouvernance politique, développement à la base…tout doit se faire. Mais tout doit être envisagé à travers une planification dans une vision indicative afin d’obtenir des résultats tangibles.
Après le Document de la Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE), devient le document de planification nationale à moyen terme couvrant la période 2013-2017. Un instrument viable qui permet de motiver les efforts des gouvernants, des partenaires et des populations togolaises.
Le premier défi reste l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) d’ici 2015. Ensuite, les autorités doivent progressivement traduire dans la réalité, la vision du Togo émergeant d’ici 2030.
La réalisation de ces visions passe par une planification. Pour la période 2013-2017, la SCAPE est le document de planification nationale qui définit le cadre de référence des actions de développement au Togo. Il représente le second DSRP, après la mise en œuvre du DSRP complet de 2009 à 2011. Comme innovation, la SCAPE se décline en cinq axes autour desquels s’articulent les programmes de développement et les investissements. Sa période de mise en œuvre est de 5 ans, au lieu de trois ans pour le DSRP; ce dernier document donnant des orientations à moyen terme pour la croissance et la réduction de la pauvreté au Togo. Un cadre fédérateur de toute action de développement du pays. C’est en 1999 que le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM), ont mis en place le dispositif DSRP. Il sert de cadre aux prêts concessionnels et d’allégement de dette du FMI et de la BM ainsi qu’à l’initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).
L’objectif de la SCAPE est d’accélérer la croissance économique pour réduire la pauvreté et les inégalités et créer des emplois avec des effets multiplicateurs sur le niveau de revenu et la qualité de vie des Togolais. Le revenu moyen du Togolais doit être augmenté de 3 à 4 % par an de 2013 à 2017; le maximum de Togolais doit sortir de la pauvreté. Outre ces ambitions, de nombreux emplois notamment en faveur des jeunes seront créés d’ici 2017.
La SCAPE est au niveau central, le condensé des différentes politiques publiques sectorielles.
La SCAPE repose sur des acquis solides
Depuis 2008, le Togo a marqué le pas en matière de renforcement de la démocratie, de paix et de réconciliation nationale, de stabilité du cadre macro-économique, de développement du capital humain, de gestion de l’environnement et du développement durable. En 2012, l’environnement socio politique était nettement apaisé. Cette même année, le pays affichait un taux de croissance de 5,6% alors qu’en 2008, ce taux n’était que de 2,4%. Cette hausse régulière était due à la fois, aux facteurs du climat et aux effets des politiques contra-cycliques mises en œuvre par le gouvernement. Conséquence : une baisse, certes faible mais significative de l’incidence de la pauvreté au niveau national, soit de 61,7% en 2006 à 58, 7% en 2011. Cette baisse de 3 points en cinq ans est caractérisée par des résultats évidemment maigres sur le terrain. Du coup, le chômage et le sous-emploi deviennent d’avantages préoccupants et ont pour cibles, les jeunes et les femmes. Pour y faire face, le gouvernement avait mis en œuvre un ensemble d’actions prioritaires telles que, le soutien à la formation des jeunes en apprentissage, l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme de pré embauche pour les jeunes, le soutien à l’esprit d’entreprise, d’auto emploi des jeunes et la création d’activités professionnelles dans tous les secteurs de l’ économie nationale. Aussi, la mise en place d’un Fonds en vue de faciliter l’accès de jeunes promoteurs d’emplois aux crédits et la promotion de l’emploi local pour les jeunes et les groupes vulnérables ont été parmi les actions mises en œuvre par le gouvernement.
Un autre acquis par exemple, en ce qui concerne les OMD, même si globalement les autres objectifs ne peuvent être atteints en 2015, au moins l’objectif 6, « la lutte contre le SIDA » peut l’être. C’est ce que relevaient les conclusions du troisième rapport national de suivi des OMD validé en avril 2010. Selon le rapport, de 6 % en 1990, le taux de prévalence est passé à 3,1% en 2011.
Quatre défis majeurs et quatre priorités pour le gouvernement dès 2012
Au regard de l’évolution du pays au cours des années précédentes, et suite à un diagnostic de l’économie et de la société togolaise, le gouvernement entendait, à partir de 2012, relever quatre défis majeurs pour « assurer le décollage de l’ économie togolaise et progresser vers la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement » : le défi de l’accélération de la croissance, de l’emploi et d’une meilleure insertion régionale et internationale de l’économie togolaise, celui de la gouvernance, le défi sociodémographique et le défi du développement urbain, de l’ aménagement du territoire et de la protection de l’ environnement. La politique économique du gouvernement à moyen terme sur la période 2012-2016 devrait s’orienter vers des priorités comme, l’accélération de la croissance, l’emploi et inclusion, le renforcement de la gouvernance, la réduction des disparités régionales et promotion du développement à la base.
Objectif croissance : 6% par an ou 7,1 % par an selon deux scenarios
Une croissance à 6% par an de 2013 à 2017, c’est ce que prévoient les économistes à travers un premier scenario qui se base sur les hypothèses de consolidation du cadre macroéconomique, de poursuite de l’effort d’investissement public pour rattraper les efforts du pays en matière d’ équipement, d’ opérationnalisation effective et d’ approfondissement des réformes engagées dans de nombreux domaines. Ce scenario, qui est aligné sur le programme économique et financier avec le FMI devra permettre un recul de taux de pauvreté d’environ 11 points pour le situer à 47, 3% en 2017. Le taux de sous-emploi devra baisser d’environ 5% pour être à 24, 5% à 2017.
Si ce premier scenario dit « scenario de référence » devra ainsi permettre de prolonger et d’accentuer les tendances enregistrées les années précédentes, un autre, dit « scenario de croissance accéléré » est envisagé et compte aller plus vite vers un Togo émergeant en 2030. L’accélération de l’activité économique projette une croissance de 7,1 % par an entre 2013 et 2017. Ce scenario repose sur des politiques ambitieuses de modernisation agricole, de mise en valeur plus intense de potentialités minières et géostratégiques du pays, de promotion soutenue de l’industrie manufacturière, de progrès social partagé et marqué par le recul significatif du sous-emploi. Ce scénario prévoit une baisse du taux de la pauvreté de 15 points d’ici 2017 soit 43, 5%, et une baisse de 5, 7% du sous-emploi soit 23,4% en 2017.
5 axes pour faire émerger le Togo à l’horizon 2015
Autour de la SCAPE, il a été défini 5 axes stratégiques à savoir, le développement des secteurs à fort potentiel de croissance, le renforcement des infrastructures économiques, le développement du capital humain, de la protection sociale et de l’emploi, le renforcement de la gouvernance, la promotion d’un développement participatif, équilibré et durable.
Les actions de la SCAPE vont permettre de développer le capital humain pour concrétiser les atouts dans les secteurs où le Togo dispose (ou pourrait créer) des avantages comparatifs ; développer les infrastructures de qualité pour soutenir la croissance et contribuer à l’émergence des pôles régionaux de développement ; améliorer le climat des affaires pour développer l’investissement du secteur privé national et attirer les investissements directs étrangers ; mettre en place des modalités de facilitation aux marchés nationaux et internationaux.
Le gouvernement mise sur le corridor du développement
De l’agriculture à l’industrie, du commerce au tourisme, tous les domaines d’actions ont été pris en compte autour des 5 axes de la SCAPE. Un domaine important est celui des infrastructures. Selon la SCAPE, le gouvernement mise fortement sur les avantages comparatifs du pays pour réaliser la réputation du Togo comme corridor du développement et d’échanges dans la sous-région. Le corridor prévoit, entre la zone méridionale (Lomé) et la zone septentrionale (Cinkasse), les infrastructures de transport maritime, le réseau routier, le réseau ferroviaire ainsi que les aéroports de Lomé et de Niamtougou pour le transport aérien. L’objectif du corridor est de faire des régions concernées, des zones économiques dynamiques, prospères et attractives.
L’État devra mettre la main à la poche.
791,1 milliards de FCFA soit 458,1 milliards FCFA de dépenses courantes et 329,0 milliards de dépenses en capital. C’est la somme que devra investir le Togo chaque année pour mettre en œuvre la SCAPE.
Notons que la SCAPE englobe un système efficace de suivi évaluation pour mesurer les progrès vers l’atteinte des objectifs pour le développement.
(Photo: Route Kabou-Bassar)