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Tribune/ 50 ans de pays moins avancés : l’heure est venue pour une nouvelle génération de mesures de soutien international

Par Ablamba Ahoéfavi Johnson, Ministre, Secrétaire général de la Présidence de la République du Togo.

La catégorie des pays les moins avancés (PMA) a été établie par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1971, suite à la prise de conscience par la communauté internationale de la nécessité de mettre en place des mesures d’appui aux pays souffrant de handicaps structurels et qui sont menacés par l’extrême pauvreté.

Plusieurs mesures de soutien international en faveur de ces PMA se sont traduites entre autres par la mise en œuvre de programmes tels que les préférences commerciales, l’aide publique au développement, l’allègement de la dette ou encore une assistance technique.

Quel bilan peut-on faire aujourd’hui sur les PMA et le soutien international qui leur est apporté ?

Un bilan mitigé, notamment en Afrique

Cinquante ans après la création de la catégorie PMA, le nombre de PMA a doublé, passant de 25 en 1971 à un pic de 52 en 1991. A ce jour, les PMA sont au nombre de 46 dont 33 pays africains.

Certains indicateurs de développement se sont améliorés au fil des ans, même si des faiblesses subsistent. Le PIB réel des PMA a été multiplié par cinq, passant d’environ 200 milliards USD en 1971 à 1 118 milliards USD en 2019. Cependant, le PIB réel par habitant a augmenté à un rythme beaucoup plus lent (1,3% par an), passant d’environ 600 USD à 1 082 USD sur la même période, en raison d’une croissance démographique rapide.

Par ailleurs, les PMA ne représentaient que 0,13% du commerce mondial total dans les années 2010. Leurs obstacles au développement sont restés globalement les mêmes et leur marginalisation dans le commerce international a persisté. Environ 85% des PMA restent dépendants des produits de base, malgré l’amélioration de la part des produits manufacturés dans leurs exportations, qui est passée d’un peu plus de 20% en 2011 à 37% du total des exportations en 2019. En outre, entre 1995 et 2018, presque tous les PMA ont enregistré une expansion de la valeur ajoutée manufacturière. Mais, dans la plupart des cas, celle-ci a été dépassée par la croissance d’autres secteurs, de sorte que le poids global de l’industrie manufacturière dans la valeur ajoutée totale a diminuée, donnant lieu à une “désindustrialisation relative”.

Des résultats encourageants pour le Togo

Le Togo a élaboré plusieurs stratégies de développement. Dans le but de devenir un pays émergent à l’horizon 2030, le pays s’est doté d’un Plan National de Développement (PND) sur la période 2018-2022 dont l’objectif est de transformer l’économie de manière structurelle. La survenue de la pandémie de Covid-19 a amené les plus hautes autorités à réorienter les priorités du gouvernement en adoptant, en octobre 2020, la Feuille de route gouvernementale 2020-2025 qui a pour vision de « faire du Togo un Pays de cohésion et de paix, et une Nation moderne avec une croissance économique inclusive et durable ». Le secteur privé (national et international) est un des acteurs désormais incontournables d’un partenariat qui devrait contribuer à 50% au financement de la feuille de route.

La mise en œuvre de ces stratégies a abouti à des résultats encourageants. Sur les trois critères de classification dans la catégorisation des PMA, le Togo n’est concerné que par celui du faible niveau de revenu. Sur le plan économique, il a déployé des efforts pour stabiliser le cadre macroéconomique et améliorer l’environnement des affaires. Ces efforts ont permis de placer l’économie sur un sentier de croissance à 5,0% en 2018 et 5,5% en 2019, portée par le secteur agricole, l’industrie extractive et le commerce. L’amélioration de l’environnement des affaires a entrainé une augmentation des investissements directs étrangers de 85%, s’établissant en 2020 à 352 milliards FCFA, selon la CNUCED.

L’indice du capital humain est passé de 0,368 en 2010 à 0,432 en 2020, devant ses pairs de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, traduisant une amélioration des conditions sanitaires et de la sécurité alimentaire, de même que celle des taux de scolarisation et d’alphabétisation des adultes.

L’incidence de la pauvreté au niveau national cependant a régressé passant de 61,7% en 2006 à 53,5% en 2017. D’après les enquêtes harmonisées sur les conditions de vie des ménages menées en 2018-2019, elle est de 45,5%.

En matière d’emploi, le taux d’emploi moyen est estimé à 77,7% sur la période 2000 à 2018. Cette évolution favorable permet au pays de se tailler la première place, en comparaison avec les autres pays de la sous-région. Quant au taux de chômage, il a connu une diminution progressive passant de 6,5% en 2011 à 3,6% en 2020.

L’appartenance du Togo à la catégorie des PMA a permis également de renforcer ses partenariats avec les institutions internationales et de s’engager sur un processus de transformation structurelle de son économie. Dans ce cadre, avec l’appui de l’OCDE et en collaboration avec plusieurs partenaires, le Togo a lancé en mars 2021, l’Examen des politiques de transformation économique.

Nécessité d’adopter des mesures urgentes adaptées au nouveau contexte lié à la Covid-19

La crise de la Covid-19 incite à repenser la vulnérabilité économique des pays en développement, en particulier les PMA. Cette crise a mis à l’épreuve les mesures internationales de soutien et leur capacité à répondre de manière adéquate aux besoins desdits pays. Afin de les sortir de cette catégorie, la communauté internationale doit leur donner des outils dont ils ont besoin pour s’attaquer aux causes de leurs vulnérabilités. Ces mesures doivent viser à canaliser une aide accrue vers les pays les plus vulnérables en améliorant son allocation et à stimuler l’activité économique de façon à assurer unemeilleure reprise et un développement durable.

Une nouvelle génération de mesures de soutien internationale s’avère donc nécessaire pour permettre aux PMA de sortir des effets persistants de la crise de la Covid-19.

En Afrique, la pauvreté reste un grand défi. Pouvoir se doter d’une protection sociale adéquate et fournir des emplois sont  parmi les grandes priorités. Une agriculture durable adaptée aux changements climatiques a un rôle essentiel à jouer pour améliorer la sécurité alimentaire. En outre, l’amélioration de l’accès des pays en développement aux vaccins et aux infrastructures sanitaires est nécessaire pour faire face à la crise sanitaire de la Covid-19.

Par ailleurs, la situation sécuritaire des PMA, notamment dans les pays du Sahel et les pays voisins, devrait être prise en compte dans toute politique de développement et de partenariat avec les PMA. Il est donc urgent d’accroître l’effort financier de la communauté internationale pour améliorer la sécurité quotidienne des populations.

Enfin, un autre obstacle au développement des PMA reste le changement climatique. Les risques liés à la transition menacent certaines activités économiques de l’Afrique et pourraient compromettre ses perspectives de croissance.

La cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA se tiendra à Doha (Qatar) en janvier 2022. A cette occasion, nous attendons plus d’engagement des partenaires pour une mobilisation plus conséquente des ressources en vue de faire face aux problèmes de développement persistants des PMA, notamment les défis structurels, l’urgence climatique, la pauvreté, l’insécurité et la crise de la Covid-19. C’est le lieu de réitérer le plaidoyer d’une réallocation des DTS pour soutenir la relance économique des PMA.

Source: https://oecd-development-matters.org

 

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